Les inconforts gastriques constituent l’un des motifs les plus fréquents de consultation en médecine ambulatoire et en pharmacie. Le plus souvent bénins, ils peuvent représenter une entité aux multiples facettes et être la manifestation d’affections diverses. Une prise en charge globale permet de traiter les causes réelles, de prévenir les récidives, d’améliorer l’état de santé général sans modifier l’acidité gastrique nécessaire à notre santé. Découverte des nouvelles pistes de prise en charge avec ce nouveau dossier santé.
PAROLE DE PATIENT
Sophie - 27 ans : A partir du 2ème trimestre de ma grossesse, j’ai commencé à avoir des remontées gastriques. Mon gynécologue m’a dit que cela était fréquent chez les femmes enceintes du fait de la pression que le bébé pouvait exercer sur mon estomac. Au début, j’arrivais bien à les supporter mais à partir du 3ème trimestre, cela s’est amplifié et je trouvais cela vraiment très désagréable. Comme je ne pouvais pas prendre de médicaments anti-acides, il m’a donné quelques conseils comme d’éviter de manger et de boire juste avant le coucher, de privilégier des vêtements amples surtout à la taille et d’essayer certaines plantes… Cela m’a aidé à mieux vivre la fin de ma grossesse.
L’ACIDITÉ DE NOTRE ESTOMAC : UN RÔLE VITAL POUR NOTRE SANTÉ
Savez-vous que l’acidité gastrique est d’abord un acteur clé du processus de digestion ? En effet, afin de faciliter la digestion, la muqueuse de l’estomac sécrète des sucs gastriques ou "acides" qui contiennent essentiellement :
- de l’acide gastrique qui réduit la taille des aliments,
- de la lipase gastrique qui élimine les triglycérides,
- de la pepsine qui dégrade les protéines,
- de l’acide chlorhydrique qui tue les bactéries des aliments,
- du facteur intrinsèque qui permet l’absorption de micronutriments (Vitamine B12, Fer, Acide folique, Magnésium et Zinc).
Pour fonctionner, les enzymes impliquées dans la digestion doivent agir dans un milieu acide et l’estomac est doté d’un système de protection contre cette acidité : des cellules produisent un mucus (riche en bicarbonate) qui recouvre la surface de la muqueuse gastrique. Cette acidité représente la première ligne de défense de l’organisme. Quand le pH de l’estomac est en dessous de 3 (acidité normale lors d’un repas), une bactérie ne survit pas plus de 15 minutes. Mais si le pH monte au-dessus de 5, beaucoup de bactéries peuvent se développer et favoriser des infections intestinales sérieuses.
Dans l’autre sens, cette acidité de l’estomac empêche donc les bactéries de notre intestin de remonter vers l’estomac et l’œsophage.
LES INCONFORTS GASTRIQUES, INFECTIONS BÉNIGNES ?
Le plus souvent bénins, les inconforts gastriques doivent néanmoins être pris au sérieux. Ils sont la manifestation d’affections diverses, comprenant :
- le plus souvent, une dyspepsie fonctionnelle. Elle se manifeste par une digestion difficile et se définit par la présence d’au moins un des signes suivants : ballonnements, éructations, douleurs ou brûlures épigastriques et parfois satiété précoce, nausées ou diarrhées. Une des causes possibles de survenue de dyspepsie fonctionnelle est un déséquilibre de l'alimentation (changement de rythme, horaire, lieu, composition du repas…) qui peut influencer la dynamique œsophagienne et altérer la sécrétion normale de l'estomac. De même, l'alcool est un facteur majeur d'irritation digestive. Lorsqu'il s'associe au tabagisme, le risque augmente de façon exponentielle.
- les Reflux Gastro-œsophagiens (RGO) qui désignent la régurgitation d’acide gastrique dans l’œsophage, avec des symptômes variables : douleurs à la poitrine, brûlures d’estomac, remontées d’acidité dans la bouche et toux sèche persistante.
- les infections digestives comme les candidoses ou surtout Helicobacter Pylori, un germe présent dans le milieu gastrique, qui sont susceptibles d'endommager la muqueuse de l'estomac jusqu'à l'ulcère.
LA PRISE PROLONGÉE D’ANTI-ACIDES N’EST PAS NEUTRE
Des millions de personnes prennent chaque jour un anti-acide.
Le fait de réduire de façon prolongée l’acidité de notre estomac peut avoir des conséquences néfastes. De récentes études montrent que les anti-acides ne sont pas neutres.
Si l’acidité de l’estomac est trop diminuée, les enzymes sont insuffisantes pour digérer correctement.
De plus, la réduction de l’acidité de l’estomac peut favoriser, entre autres, une diminution de l’absorption de micronutriments, une diminution de notre résistance aux infections ou encore une prolifération de bactéries provenant de l’intestin.
Des études ont confirmé que les anti-acides peuvent profondément altérer la population bactérienne gastro-intestinale par suppression de l’acidité de l’estomac. Ainsi des chercheurs italiens ont retrouvé une pullulation bactérienne de l’intestin grêle chez 50% des patients consommant des anti-acides alors qu’elle était présente seulement chez 6% des sujets contrôlés.
LE RÔLE DE LA PERMÉABILITÉ DE LA MUQUEUSE DE L’ŒSOPHAGE ET SON MICROBIOTE DANS LE RGO
La théorie médicale la plus reconnue soutient que le reflux d’acidité provient d’une dysfonction du sphincter entre le bas d’œsophage et l’estomac.
Le RGO est en tout cas favorisé par une augmentation de la pression intra-abdominale. C’est pourquoi habituellement on propose aux gens d’éviter de manger de grosses quantités ou de se pencher en avant après manger, ou encore de se coucher juste après manger.
Cette pression intra-abdominale peut être générée par des gaz en relation avec une fermentation gastrique ou intestinale. En cas d’insuffisance d’acidité, les enzymes pancréatiques ne sont pas bien stimulées et la digestion des carbohydrates est insuffisante. La fermentation des carbohydrates mal digérés entraîne des gaz qui augmentent la pression intra-abdominale, ralentissant la vidange gastrique et favorisant le reflux d’acide vers l’œsophage.
Certaines personnes souffrant d’un RGO ne présentent pas de reflux d’acidité anormal au niveau de l’œsophage et ont même une muqueuse décrite comme normale à l’endoscopie. Enfin, la moitié d’entre eux n’ont pas d’anomalie au comptage d’acidité. Plusieurs études récentes expliquent ces symptômes par une altération de la muqueuse de l’œsophage dans sa fonction barrière : on parle dans ce cas d’une hyperperméabilité de l’œsophage. Restaurer cette muqueuse devient alors prioritaire.
CONSEILS D'UN MICRONUTRITIONNISTE
YVES GILLE, DR EN PHARMACIE ET FONDATEUR DE NUTRAVANCE
Une nouvelle approche est nécessaire pour la prise en charge des inconforts gastriques
- Rééquilibrer le microbiote œsophagien et intestinal par des probiotiques.
- Restaurer la muqueuse œsophagienne et gastrique par des actifs calmants et cicatrisants naturels (guimauve, acide hyaluronique, chondroïtine sulfate, curcuma).
- Moduler Helicobacter Pylori par une plante "anti-protection" de cette bactérie, la Scutellaire de Baikal.
- La gestion du stress, qui est souvent un facteur aggravant, reste importante pour une prise en charge efficace.